Diva
- Elles gémissent.
- Elles gloussent. Elles piaillent.
- Elles sont là. Femmes de luxe au regard vitré.
- Leur offrande est soumise, dévoilée, dénudée,
appelant tous les vices infectieux de l'âme.
- Elles se vautrent parterre, s'enmêlent les unes aux autres,
se heurtent, se mélangent. Elles se font du bien. Elles me font
peur.
- Leurs corps dévoilés, luisants de sueur, laissent
vibrer les cordes de leurs désirs. Leurs cris résonnent
pareils à des lamentations de torturés.
- Mais ce n'en sont pas. Ce n'en sont pas.
- Elles se roulent sur les pierres, leurs seins râclent avec
patience le sol rugueux, dans un mouvement de va-et-vient. Violemment,
avec supplice, leur ventre, leur peau griffée saignent au clair
de cette lune pleine. Elles s'empoignent, s'enfoncent les longs ongles
effilés dans la chair. Lubrifiée d'encens.
- Tout à coup, rien. Plus un mot, plus un geste. Figées.
Toutes.C'est un entracte de sourds et muets, subliminale qui emplit
l'espace de leur sphère. Je n'en crois rien. J'ai peur. Je me
demande.
- Est-ce une punition, un départ à résignation, méditation,
réconciliation de l'âme et l'esprit?
- Peut-être. Mais ça n'ent est pas. Non, ça n'en
est pas.
- Elles ont vu l'ange. L'ange délicieux, l'ange au péché
non exorcisé. Un régal. Dieux les pardonnent.
- Il descend sur terre, embaumant de son odeur la voûte céleste.
Magnifique. Magnifiance. Méfiance. Cet être aux contours
incadescents est dangereux. Le corps aussi. Je le vois mieux maintanant.
Diva.
- Et les lamentations recommencent. Elles se frottent aux arbres, se
laissent violer impunément de leurs vices; elles accourent, elles
sont en manque. Manque de plaisir, manque de jouissance, manque d'une
reine. Et moi ?
- Diva c'est la resurrection.
- Le conflit de la foi.
- Et mes pulsions libidineuses m'envahissent.
- Je résiste. Moi je ne peux pas. Martyr de mes ibhinitions
perverses infantiles, je ne suis pas rémissible. Je me pardonne
moi-même. Même si c'est dur. Je préfère
lutter. Pour toujours.
En 1992, automne
Capo